mardi 12 octobre 2010

L'épopée du "Morpion" (Compte-rendu de partie)


C'est à un extraordinaire week-end de jeu à Bordeaux que nous avons été convié. Le "Morpion", sloop de sa très gracieuse Majesté, Louis le XIVème, commandant capitaine Grégoire de la Houssaye, y a fait ses premières armes.
Voici quelques extraits de son aventure issus de son journal de bord et du récit de quelques rescapés.


Le plan:

L'état major français, sous l'autorité du gouverneur Huchehault de Toulvarère, avait décidé que le premier objectif serait la conquête de l'archipel, en face le Port-Louis des Caraïbes.
Cet archipel était, en effet, d'un intérêt stratégique particulier puisqu'il pouvait permettre un ravitaillement en eau et en nourriture illimité. Sa grande proximité avec Le Port-Louis était un autre avantage. Le gouverneur du Port-Louis pourrait alors en monnayer ou en interdire l'accès au gré des intérêts de la Couronne . Ordre fût aussi donné de préserver la Couronne espagnole de toute agression de notre part.

Le "Morpion" devait y débarquer un contingent de troupes de marine, (commandement Lieutenant Teiz), quelques canons et de quoi fortifier l'ensemble.

La flotte française et corsaires (deux vaisseaux pirates ayant fait serment à la Couronne) fut scindée en deux. Les vaisseaux les plus légers devaient couvrir le débarquement, pendant que les plus lourds devaient les protéger en dressant une ligne de bataille entre la colonie anglaise et l'archipel.

Le capitaine John Bleizh à bord de son petit cotre devait explorer le surprenant îlot du crâne, à la recherche de l'épave recelant de prétendus fabuleux trésors.
Très vite, l'un des corsaire, le "Skeletor", récemment rallié à la Couronne, commença à faire cavalier seul (ce qui est toujours très étonnant pour un bateau ^^) en débarquant sur une île infestée de peuplades cannibales. Il était à la recherche d'indices concernant la localisation du trésor. (Pour son propre compte, nous l'apprendrons plus tard)

Le débarquement du lieutenant Teiz:

Le "Morpion" appareilla donc du Port-Louis avec un grand renfort en équipage et en infanterie, (sans compter la force expéditionnaire: Lieutenant Teiz , 15 hommes et 2 canons). Les vents portants nous firent atteindre très rapidement l'objectif. Le transbordement des hommes dans les chaloupes et les opérations de débarquement se déroulèrent bien, mais il apparut bientôt que l'archipel était occupé par des indiens caraïbes. C'est avec peu de pertes que le lieutenant Teiz conquît l'île principale. Il était bien décidé à s'en tenir à cela, laissant l'autre terre habitée aux indigènes (ce qui aurait encore compliqué la tâche de potentiels nouveaux envahisseurs) mais eux ne l'entendirent pas ainsi. Armés de sarbacanes et d'arcs, ils se livrèrent au harcèlement. Il fallu les exterminer à coup de mitraille et même effectuer un second débarquement pour éradiquer définitivement leur menace. (La grandeur de la Couronne de France passait alors par l'extermination des primitifs, ce en quoi nous verrons par la suite, que ça n'était pas totalement illégitime).
Plus au Nord, la croisière française, composée des plus lourds vaisseaux, s'aperçut que la flotte anglaise avait déserté ses eaux pour fondre sur le repère des pirates bien plus au Nord, laissant la colonie découverte.

L'invasion de la colonie anglaise (ou: quand une opération estimée facile dégénère):

L'éloignement de la flotte anglaise et des vents contraires, soustrayaient toute possibilité de renforts rapides pour la colonie anglaise. Après un bref conseil, les capitaines présents se dirent qu'une telle opportunité était à saisir, il se ruèrent sur la partie sud de la malheureuse ville, hors de portée de la citadelle mais cependant défendue par quelques canons épars.

Le premier vaisseau vît sa chaloupe coulée, à deux pas de la côte, occasionnant de nombreux noyés. Le second vaisseau, débarqua aussi 2 chaloupes, puis vînt le Morpion avec une chaloupe de plus. C'était sans compter sur la trahison du "Skeletor".

La traîtrise du "Skeletor":

Sitôt achevé ses investigations sur l'île des cannibales, le capitaine du "Skeletor" avait fait rallier son navire et avait appareillé pour se mettre perpendiculaire à l'arrière du "Morpion". Arborant son pavillon pirate, il lui délivra une première bordée dévastatrice, par l'arrière. Le splendide "Morpion" en fut quasiment désemparé, la coque perforée en plusieurs endroits, le gréement perforé, l'équipage mutilé et les canons renversés.
Abandonnant sa chaloupe, le capitaine de la Houssaye fît virer de bord immédiatement et fît répliquer. La bordée, certes de moindre puissance, ne suffirait pas à neutraliser le pirate mais elle sauverait au moins l'honneur de la France. A partir de là, il n'y eût de salut que dans la fuite, le maniable morpion, mît le cap droit sur le Port-Louis, sous le coup des canons de la citadelle.
Le bordage à tribord était dévasté, percé juste au dessus de la flottaison. Le bateau, sur le point de couler, réussit à rallier le Port-Louis et passât le reste de la semaine à radouber. Avec une équipe triplée, du fait de son très nombreux équipage, et des charpentiers du port. Il pût repartir la semaine suivante tandis que son capitaine de la Houssaye se délassait chez la nièce du gouverneur.

La triste fin du corps expéditionnaire du "Morpion" contre la ville anglaise:

Abandonnés par le "Morpion" en fuite, le second et son équipe de débarquement avaient atteint la rive. C'est de là qu'ils purent assister au massacre du second navire corsaire par l'ignoble "Skeletor". Le navire, à l'ancre, restera, tel un ponton déserté, plusieurs jours en face de la ville anglaise. Ses rescapés luttèrent, avec tous les autres, pour conquérir la ville.
Le fourbe anglois, envoyait des nuées de femmes agresser les envahisseurs dans de faciles manœuvres de retardement. Les cannibales, qui avait quitté leur île s'estimant trahis par le capitaine du "Skeletor", proposèrent alors un marché: les cadavres anglais contre leur aide. Ne pouvant faire face à une nouvelle menace, le pauvre lieutenant n'eût pas d'autre choix que d'accepter. C'est donc au coude à coude qu'ils progressèrent vers les faubourgs de la colonie.

Un drame n'arrivant jamais seul, les cannibales affamés profitèrent de la nuit de de l'enivrement du contingent pour tuer et dévorer le lieutenant et tous ses hommes diminuant la force française d'un quart en ce lieu. Une autre troupe française avait pu débarquer après le départ du "Skeletor". C'est essentiellement à cause de l' infâme commandant de ce vaisseau que l'opération contre la colonie anglaise fut un échec ce premier jour (retraite du "Morpion", anéantissement du second vaisseau français, débarquement puis tromperie des cannibales).

Réparations et nouveau départ:

Fraîchement ravitaillé et réparé, le "Morpion" était à nouveau prêt à appareiller du Fort-Louis.
Son capitaine était avide de revanche et était bien destiné à se venger de tous ces perfides navigateurs des Caraïbes (encore ne savait il pas le massacre de son corps expéditionnaire). Il rendrait maintenant coup pour coup. Après des adieux déchirants avec Clotirisse, la nièce du gouverneur, Grégoire de la Houssaye reprît la mer, cinglant vers le Nord-Est.

La prise du "Morning Star" galion anglais (20 canons, 4 caronades)

Très rapidement, la vigie aperçut une nombreuse flotte au loin. Elle arborait les pavillons anglais et espagnol. Cette flotte combinée était la flotte de l'or. Le gouverneur espagnol avait recruté les corsaires anglais pour escorter sa flotte. Alors que le "Morpion", toutes voiles dehors, approchait, un spectaculaire événement se produisit. L'un des deux vaisseau de tête hissa subitement la pavillon noir et vira pour faire feu sur le vaisseau anglais avec lequel il naviguait de concert.
Tirant à boulets rouges, il y mit immédiatement le feu avant d'être lui même pris à parti par le reste de la flotte. Profitant de la confusion, De la Houssaye, fonça sur l'arrière de l'anglais, lui dépêchant une bordée initiale à bout portant par l'arrière. Les grappins furent lancés dans la foulée avant que l'équipage, encore nombreux, du "Morpion" se rue à l'assaut.
Le combat sur le vaisseau anglais fût âpre. Ces soldats d'élite avaient eu le temps de tirer avec leurs caronades (en fait, des pierriers) préférant abandonner leur vaisseau aux flammes.
Un quart de l'équipage français était resté sur le "morpion" et heureusement, car quand le feu se propageau d'un vaisseau à l'autre, il pût être maîtrisé.
Le combat se poursuivait toujours quand le feu devînt incontrôlable sur l'anglais. La mêlée, toujours confuse, se poursuivit sur le français alors que les deux équipages fuyaient la fournaise. Les deux vaisseaux restaient emmêlés, à la plus grande satisfaction de l'anglais qui espérait bien périr en entraînant le français dans sa perte. Le "Morpion" réussit cependant à s'en détacher au moment même où il se rendait maître des derniers anglais. C'est avec cinq prisonniers et une brillante victoire à l'abordage sur un vaisseau de 1er rang, qu'il rentrerait au port.
Abandonné à elle même, l'épave de l'anglais en flamme fût coulée par les autres anglo-espagnols afin d'éviter qu'il n'explosât au milieu d'eux.
Le "Morpion" avait beaucoup dérivé pendant la lutte et risquait de se retrouver à son tour au milieu des anglo-espagnols. Il vira lof pour lof vers le Port-Louis, traqué par le redoutable polacre du capitaine James Wolf et un autre anglais de face, qui le prenait pour cible.
Pris en enfilade, par l'avant et par l'arrière le frêle sloop français ne ferait pas long feu aussi profitant d'un coup du sort (une drisse arrachée à la mature par la salve anglaise tombée sur la tête du capitaine), le second eu l'idée de simuler une prise de contrôle du navire par les prisonniers britanniques.




On mît en scène brièvement le combat et on hissa le drapeau anglais. Si la ruse suffit à tromper les deux vaisseaux anglais qui étaient en face, elle ne suffit pas à leurrer le polacre qui délivra, de derrière, une dernière bordée avant que le "Morpion" ne s'engouffre dans la rade du Port-Louis. Cette bordée ne fît heureusement aucun dégât supplémentaire à bord.

La défense du port Louis - Menaces de débarquement.

A ce moment là, huit vaisseaux coalisés, pirates, anglais et espagnols (dont le "Morpion") convergeaient, du nord et de l'est, vers la colonie française.
Du port, on ne comprenait rien de ce qui se passait au large. Quel était ce sloop, à la silhouette si bien connue des gens d'ici, qui arborait pavillon britannique et qui se faisait tirer dessus par un autre vaisseau anglais? Heureusement il arborait en tête de mât le pavillon bleu, code secret convenu, signifiant "pacifique". Du coup, aucune des batteries française ne tirèrent sur les vaisseaux ennemis non plus.
Alors que l'on mobilisait la milice et que les différents forts français ripostaient aux bordées ennemies, le "Morpion" abattait ses voiles et s'enfonçait au fond de la crique, protégé des coups ennemis par une île à l'ouest et couvert par les canons du fort.
Dans les rangs ennemis, les vaisseaux se croisaient dans le plus grand désarroi. Certains préférant virer de bord, plutôt que de risquer leur navire dans la cohue (ou peut-être peu sûrs de la fiabilité de cette trop vaste coalition).
A bord du "Morpion" tout allait très très vite aussi. Ancré dans la crique il faisait maintenant déhaler sur l'arrière pour tourner son flanc bâbord vers le large et accueillir les imprudents qui voudraient maintenir leur tentative d'invasion.
Les prisonniers anglais aidèrent sous la menace à débarquer quelques cannons de la bordée opposée pour renforcer les défenses côtières. Une batterie flottante fût aménagée pour prolonger celle que formait maintenant le morpion transformé en ponton, ancré et maintenu à la berge par de solides haussières.

Le premier vaisseau à se risquer face à ce dispositif fût le "Black Pearl" un redoutable (et redouté!) galion pirate qui reçut une sévère volée, lui abattant quelques espars, lui désarmant quelques canons et de nombreux hommes. De la côte, le gouverneur tentait toujours de préserver les navires non manifestement hostiles pour sauvegarder sa colonie. C'est ainsi que le "Black Pearl" s'abstînt de riposter pour éviter un nouveau déferlement de fer. Il vira de bord our prendre le large à son tour.
Le troisième à se présenter fût un autre pirate qui arrivant droit de l'est mouilla directement devant la crique et précipita ses hommes dans des chaloupes afin d'effectuer un débarquement précipité. Le "Morpion" coula deux des quatre chaloupes dont les occupants durent finir à la nage.

Qu'a cela ne tienne ! Dernier acte !

Immobilisé au fond de son port, le "Morpion",solidement arrimé et transformé en batterie flottante, ne pouvait plus être d'aucune utilité, ne pouvant appareiller à court terme.

Une partie de son équipage avait débarqué en ville pour prêter main forte à la garnison une autre partie faisait feu de toute part avec tous les canons disponibles sur les ennemis approchants. Le capitaine De la Houssaye à la tête d'un équipage de prise se lança vers le vaisseau pirate abandonné au mouillage. avec l'aide de quelques pêcheurs il remonta un équipage et fit faire demi tour au lourd vaisseau,
prêt à repartir en découdre... mais
tout cela restera à écrire car le jour
est tombé sur ce dernier acte alors
qu'à terre les pirates
réussissait à prendre quelques
fortifications avancées,
contraignant le gouverneur à faire
ouvrir le feu sur sa propre ville.
Une trêve et une sauvegarde fut proposée aux pirates, désormais prisonnier sur l'île pour éviter tout dommages supplémentaires.
La colonie était sauvée.

Donc un bilan mitigé pour Grégoire. Pas d'enrichissement personnel, une vie consacrée à la défense des conquêtes de son pays contre les anglois, un débarquement avorté, une belle victoire sur un anglais qui sera détruit et la prise opportune d'un vaisseau pirate à la solde des anglais.

Grégoire de la Houssaye. Capitaine du cotre "Le Morpion"

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