mercredi 1 novembre 2017

"Le marchand de Kamakura", une aventure pour samurais dans l'ère sengoku.

Samedi 28 Octobre, nous avons joué une aventure dans l’univers des samurais située vers 1550. La partie, initialement prévue pour 4 joueurs s'est élargie à 6 (1 arbitre/meneur de jeu et 5 joueurs).
L'intrigue reposait essentiellement sur l'amour fou d'un marchand pour une femme qu'il séquestrait et la méprise des joueurs quand au rôle de ce dernier. Cette histoire m'a largement été inspirée par le roman de Dale Furitani "Vengeance au Palais de jade".

Laurent jouait un ronin, ancien moine et bretteur talentueux,
Ehouarn jouait un autre ronin de talent, issu d'une autre école,
Patrice, le richissime marchand  avec une armée privée et un vaste domaine,
Charles, le gouverneur et sa milice locale
Jacques, le maître du monastère bouddhiste et ses disciples.

La règle utilisée était "Argad", modifiée par mes soins par l'adjonction de niveaux et/ou de compétences pour agrémenter jeu de rôle et enquête.

Tout d'abord, faisons un petit tour des lieux:

Le bourg de Kamakura. On y distingue plusieurs commerces, une écurie et la tour de surveillance incendie.

La vaste zone de forêt où aura lieu l'embuscade contre le marchand.
Le monastère bouddhiste. Enman, le maître y fait secrètement forger des teppos (arquebuses).
Le dojo, (tenu par une crapule) et l'auberge.
Le riche domaine du marchand avec son jardin zen et ses entrepôts.
Une autre vue du bourg.
Les postes-frontière avec la garnison du seigneur de la province et un milicien local.

Ishigawa Satoyasu, le marchand (en violet) et son armée privée (en marron).

  L'histoire commence quand Satoyasu le marchand, entre sur la carte pour une difficile traversée des bois dont les sentiers ont été rendus boueux par la pluie. Sur sa charrette à bras, 2000 kokus. Il a décidé d'accompagner personnellement ce convoi car les deux précédents ont été attaqués.
Le convoi croise un renard (kitsune) qui, comme vous le savez, est de mauvais présage. (Les renards sont des sorcières qui peuvent vous jouer de mauvais tours).
Soudain, un cri fuse, en même temps qu'une flèche ! Une embuscade ! Des brigands surgissent de partout et assaillent le convoi.

Le premier ronin se joint aux défenseurs pour protéger le marchand et son or.




Le second est au prise avec d'autres bandits. Il brise son sabre ! Décidément les renards sont bien facétieux !
 Les deux ronins seront blessés dans la bataille. Le convoi est bientôt rattrapé par un assaillant de plus !  Un samurai se précipite, disant qu'il va étriper le marchand ! Il demande aux deux ronins (que Satoyasu a décidé de recruter pour assurer sa protection), de s'écarter afin qu'il trucide le marchand. Les ronins refusent et prudents, décident de l'affronter à deux. Ils le tuent et le laissent sans sépulture sur le chemin. Satoyasu est extrêmement soulagé, il vient de se débarrasser du beau frère de la femme qu'il a enlevée.
Le combat des 3 samurais.
Arrivé à la frontière, le soulagement est palpable. Les papiers sont en règle mais le milicien local se montre très tatillon et tente d'extorquer de l'argent.

Tout le convoi se rend à la propriété de Satoyasu. Les deux ronins découvrent avec surprise qu'il a un domaine digne de celui d'un daimyo (seigneur). Ils se voient offrir l'hospitalité. Pour les remercier Satoyasu leur offre même des filles. Quant à lui, il se précipite retrouver sa femme adorée. Celle-ci est prostrée dans une cage. Elle refuse de se nourrir et compte se laisser mourir. Elle hait Satoyasu. Celui-ci, après avoir essayé de l'acheter à son mari l'a finalement faite enlever et a fait assassiner ce dernier. Ando, la gouvernante est chargée de la briser et d'essayer de la faire changer d'avis. Sans succès pour l'instant. Les ronins rencontrent aussi Enomoto, le maître d'arme qui entraîne l'armée privée de Satoyasu. Au total, le domaine est gardé par une vingtaine d'ashigarus.

Le gouverneur, de son côté, n'aspire qu'à voir sa retraite arriver tranquillement. Il ne veut surtout pas faire de vagues. Il délègue toutes les taches à son sergent, à savoir: Collecter les impôts en retard, veiller à la sécurité des personnes et des biens, police et sécurité incendie. La guerre est aux portes du fief et la famine a jeté de nombreux paysans sur les routes. Il y a beaucoup de brigands et de traînes-sabres en ville.
Le sergent sera sur tout les fronts, essayant de tout superviser et d'appréhender de ce qui se passe en ville. Tout l'inquiète. Il louera même un cheval pour se déplacer plus vite et sillonner la ville encore plus vite.


Après avoir tenté d'obtenir les impôts du monastère sans succès le sergent de la milice du gouverneur tente d'obtenir des troupes supplémentaires auprès d'Hoshi, le Sensei du dojo, contre une somme non négligeable. .
Fort de cet argent, Hoshi dépêche immédiatement un de ses hommes de main pour aller débaucher quelques paysans désœuvrés, au monastère. Plutôt que de fournir quelques hommes d'armes bien entraînés, il fournit quelques manœuvres loqueteux.

Arrivés à la demeure du gouverneur,celui-ci se fâche et congédie les ouvriers. Ils ne peuvent lui être d'aucune utilité.
Furieux, ceux-ci retournent à l'abri du monastère. Il suffirait désormais d'une étincelle pour que la révolte contre le pouvoir en place explose. 
Au monastère, le maître, Enman  doit choisir ses priorités. Ses disciples sont bien entraînés et maîtrisent tous le naginata, arme redoutable qui plus est, dans des mains expertes. Il continue à faire forger des arquebuses, ces armes à même de transformer n'importe quel paysan inexpérimenté en tueur de samurai.
Il a écarté le sergent, refusant de payer l'impôt au prétexte de la famine actuelle. Il accueille les miséreux, les nourrit et les emploie à réparer les brèche du mur d'enceinte.

Les manœuvres, nourris par le monastère, s'emploient à rebâtir le mur d'enceinte. Enman se prépare pour la guerre proche.

Le sergent, toujours aussi actif, essaye de débaucher des soldats chez le marchand, sans plus de succès.
 La quiétude de Satoyasu est bientôt perturbée par l'arrivée fracassante d'une vielle femme, d'un adolescent et d'un vieillard en ville.
Ota Megumi, la vieille femme, est en fait la belle-mère de la femme qu'il a enlevé! Elle arbore un bandeau sur le front où est écrit le mot "vengeance". Et, selon ses dires, elle serait porteuse d'une autorisation officielle émanant des services de l'Empereur pour accomplir légitimement sa vengeance contre un certain monsieur Ishigawa. Elle cherche en outre son second fils, qui les précédait d'une journée. Celui-ci n'est autre que le pauvre samurai que les deux ronins ont tué sur le chemin. Le vieillard est son vieux serviteur.

Ota Megumi avec son plus jeune fils et son serviteur est à l'auberge. Elle crie vengeance.
Aussitôt, Satoyasu envoie deux de ses hommes fouiller et enterrer le cadavre de Koichiro, le fils aîné de Megumi. Il s'agit de faire disparaître toute trace.

 Pour Satoyasu, les choses se compliquent tout de même. Les deux ronins sont entrés en contact avec Megumi et ils ont compris leur méprise. Elle leur révèle l'histoire et ils comprennent que Ishigawa-san n'est autre que Satoyasu.
Quand le premier ronin lui révèle qu'il a tué son fils, Megumi refuse tout d'abord de le croire, puis veut le tuer. Le ronin convient alors de l'aider à démasquer Satoyasu et à libérer sa bru. Il organise une cérémonie du thé chez son hôte avec pour seule finalité que d'essayer d'y faire venir sa femme pour la voir. La cérémonie se déroulera cependant sans elle, Ando leur signifiant qu'elle est souffrante.

La cérémonie du thé avec Satoyasu, Enamoto, Ando et les deux ronins.
Le ronin fouille désormais partout à la recherche de la mystérieuse femme de Satoyasu.
Finalement, le sergent mettra aussi ses moyens à disposition de Megumi. Les ronins et elle, organisent un plan. Le gouverneur convoquera officiellement Satoyasu, pour le faire sortir de son domaine. Megumi se tiendra sur le chemin et pourra l'attaquer. Satoyasu, prudent en inquiet, emmène six hommes et les deux ronins. L'un d'entre eux a maintenant un suivant, un bushi voulant apprendre le métier des armes.
L'assaut est très brutal. Megumi fonce et tue net Satoyasu, d'un terrible coup de naginata.

En embuscade, Megumi attaque subitement Satoyasu et le tue. L'escorte se croyant menacée se défendra quelques instants avant de se rendre aux ronins et au sergent.
Surpris, les miliciens du gouverneur sont maintenant armés. Ils suivent le sergent jusque chez Satoyasu. Face à l'Autorité, la garnison du domaine s'incline et les laisse fouiller le domaine.
Ils découvrent enfin la malheureuse femme détenue dans la chambre de Satoyasu.
La fouille des entrepôts permettra de récupérer du riz en suffisance pour nourrir toute la population, mais pas d'argent.
 Pendant que les miliciens se changeaient, Enomoto a été informé de la mort de son employeur. Craignant pour sa place et craignant que sa duplicité soit découverte, il s'est enfui avec quelques hommes de confiance et l'argent.
Il était de mèche avec la pègre locale et c'est lui qui renseignait les bandits sur les dates de transferts de fonds. Il sacrifiait quelques uns des hommes qu'il avait formés et désignés pour l'escorte et partageait la somme volée avec Hoshi, qui n'était autre que le chef des brigands.
Une tentative d’interpellation contre lui avait d'ailleurs échoué peu avant, Enomoto l'en ayant informé. Les ronins et le sergent avaient trouvé le dojo déserté avant leur arrivée.
Enomoto et quelques fidèles fuyants avec le trésor dans la confusion.
 Au total, l'histoire s'est globalement passée comme je l'avais imaginé. Les deux ronins, loyaux, tournant leur veste au profit de la justice, quand ils se sont rendu compte qu'ils avaient été trompés.
La ruse et l'utilisation du sergent (qui ne savait pas que Megumi allait assassiner Satoyasu) a permis que la vengeance s'accomplisse. Mais les moines et/ou les paysans affamés auraient pu attaquer le domaine si on avait un peu attisé les tensions. Nous sommes donc passés a côté d'un véritable bain de sang.
Tout le monde semble s'être bien amusé. La palme de l'hyperactivité revient à Charles qui a été omniprésent, excité comme une puce, voulant tantôt faire arrêter les ronins, les marchands, mais doutant toujours de sa légitimité et de ses forces. Le gouverneur aurait pu faire intervenir des forces seigneuriales hors-carte mais cela aurait signifié son incompétence à gérer la situation lui-même.
La bru libérée, Ando se fera finalement le jigai (se tranchera la gorge), bien que non-samurai.


Les moines et les paysans n'entreront pas dans la danse et se consacreront à restaurer l'enceinte du monastère.

3 commentaires:

Phil a dit…

Une belle aventure servie par un texte très sympa et de superbes photos...L’atmosphère est très bien rendue avec ces bâtiments, et bien sûr ces figurines. Bref, que du plaisir!

Eutha, l'archiviste. a dit…

Merci pour tous ces éloges, Phil. Ca me va droit fait immensément plaisir tant j'ai à cœur de faire vivre ces histoires et de créer cette "ambiance".

Patrice a dit…

Que de calomnies contre un marchand qui avait le seul tort d'être amoureux ! Et après on s'étonne que le commerce périclite... :)