lundi 29 avril 2024

"Et le colonel Enlevteski ? Bah, I's' bat pour l'isba ! " (Compte-rendu de partie Argad 1er Empire)

 "Contre l'arthrite de Russie, rien ne vaut un massage de l'abbé Rézina"

Dimanche  28 Avril s'est joué dans la mairie de Clohars-Carnoët, une magnifique partie d'Argad 1er Empire. Cette partie s'est jouée dans le cadre du festival Ludocéan.

Jean-Jacques nous avait préparé une superbe table enneigée et de belles figurines pour rejouer un épisode de la retraite de Russie de 1812. 

    L'action se passe en Octobre et la grande armée, quitte tardivement Moscou. Rapidement accablée par la faim et le froid, la retraite tourne mal. La politique de terre brûlée, le froid précoce, la neige, les loups et le harcèlement par les cosaques, bousculent les rescapés. Partis à 440 000, ils reviendront à 30 000 ne pouvant se nourrir que des chevaux qu'ils n'hésitaient pas à tuer, et des corps de leurs camarades morts. Pour les chevaux, 3000 seulement, revirent des 180 000 partis.

3 joueurs russes, 3 français. un arbitre. 

 

Le plateau de jeu, vu du côté français. Une colonne de traînards avance péniblement à gauche.

Le village russe. Les moujiks essayeront d'abord d'incendier le pont principal.

Les traînards, affamés et transis de froid, sont les seuls, à apparemment souffrir des privations et de la neige.
Mais les français ne sont pas vaincus ! Surgit alors une avant garde de chasseurs à cheval de la Garde.

Bientôt suivie du reste du régiment puis d'un régiment complet de lanciers de la Vistule.
Les moujiks comptent se battre. Les tireurs vont s'embusquer derrière le tas de bois, d'autres vont essayer d'incendier le pont.
Quelques cosaques se précipitent pour essayer de parvenir aux ponts avant la puissante cavalerie française.
Les russes ne sont pas au bout de leur surprise ! C'est maintenant un régiment de dragons montés qui arrive !

Deux régiments de cosaques réguliers, renforcent les Russes à droite, une régiment d'infanterie à gauche.
Les cosaques russes seront suivis d'un régiment de chasseurs à pied.
Polyvalents, les chasseurs à cheval harcèlent les cosaques au feu et en tuent trois.
Un régiment d'infanterie précède la garde à pied et un groupe d'officiers montés.
Les cosaques décimés ont reculé. Les lanciers vont attaquer et sauver le pont de l'incendie. 
Les traînards français s'engagent dans un défilé. Des loups rôdent et attendent que l'un d'entre eux tombe. 
Pourtant avertis que la glace était encore fine, certains, tentent leur chance et tentent de traverser la rivière gelée.
Le glace se rompt sous le poids du cheval et l'eau glaciale emporte la plupart des malheureux.
Les rescapés n'arrivent pas à atteindre l'isba en ruine et sont rattrapés par les cosaques assoiffés de vengeance.
Les lanciers de la Vistule attaquent les incendiaires du pont. Ils les tuent et parviennent à éteindre le feu.
Les cosaques essayent de contenir la percée française au centre. L'idée est d'attaquer l'ennemi quand une partie seulement aura franchi le pont. Dans l'isba centrale, un régiment de chasseurs, dont ont voit encore l'officier en vert, a pris position.
Les dragons français harcèlent les moujiks mais l'un d'entre eux est bientôt aux prises avec les loups qui en veulent à sa monture. Un canon russe est mis en batterie.
A l'arrière plan deux régiments russes se déploient face à la colline boisée que la garde à pied commence à investir.
Les cosaques viennent renforcer l'aile gauche russe désormais menacée par la nombreuse cavalerie française.
Le français s’apprête à traverser la rivière via le pont et le village qui semble désormais dégarni.
Le choc a lieu, les lanciers polonais attaquent l'infanterie russe, les cosaques contre-chargent et une mêlée sanglante s'engage.
Elle tourne à l'avantage du français. Les cosaques sont massacrés et les russes doivent replier
Au centre, le piège a fonctionné les français ont traversé, et ont commencé à subir un feu nourri depuis toutes les ouvertures de l'isba russe. Les cosaques restent à l’abri derrière la maison. 



  

A l'intérieur, il y a encore largement de quoi tirer les Français comme à la foire.

 

    Dégarni, le centre devient alors tentant pour le Français. les traînards et le régiment d'infanterie s'approchent de l'innocente maison. Mais soudain (et la surprise a été bien réelle pour les joueurs) des tirs en partent. A chaque tour ! Les français s'interrogent mais ils ont pas le "-1" tes paysans? Et ils tirent chaque tour?En fait, c'est un régiment entier de chasseurs qui occupe la maison. et ils peuvent se relayer chaque tour aux fenêtres et aux portes. Chaque tour, ce sont sept tirs qui partent de la maison et deux ou trois français qui tombent. Quelques ripostes sporadiques feront bien quatre morts chez les défenseurs mais se sont 18 fusils qui se relaient au tir au pigeons. 

    Pour l'artillerie elle parviendra à ôter une tête, mais ce sera sont seul effet sur la bataille. 

    Le rouleau compresseur français balayera tout sur son passage. Les seuls rescapés seront les moujiks et les chasseurs qui s'étaient retranchés dans leur maisons. 

    Quand on demanda des nouvelles du colonel qui les commandait on rapporta ceci :  

- Et le colonel Enlevteski ? 

- Bah, I's' bat pour l'isba !

 

Dernier acte, la batterie a remballé et quitté le champ de bataille, la cavalerie française sabre les derniers russes en retraite. Napoléon a pu passer.

Bilan et critique du scénario:

    Waow ! Quel scénario ! Et quel décors ! J'ai adoré cette ambiance et ce décors. J'en redemande ! Merci Jean-Jacques ! C'est à ce jour mon scénario préféré (et pourtant j'aurais adoré y jouer Français)

    C'était beau ! Très beau mais de mon point de vue, ça manquait terriblement  d'épique ! Il se trouve que l'Empereur était, en personne, parmi l'état major qui suivait la garde impériale, mais les russes n'en ont jamais rien su. (Et quand bien même ils l'auraient su, ils n'auraient rien pu faire de plus !). La nombreuse et polyvalente cavalerie français a manœuvré comme dans la "morne plaine" de Waterloo et s'est montrée omniprésente, tantôt par le feu, tantôt par le fer.

    A aucun moment je n'ai senti les français bousculés, anxieux, harcelés, affaiblis (hors le colonne des traînards). De mon point de vue, ils auraient du entrer en petits groupes disparates, certains, encerclés par les loups. Les régiments de cavalerie plus variés mais réduits au quart de l'effectif initial maximum (ce devait plutôt être le dixième). Les soldats étrangers (autrichiens, bavarois, portugais, espagnols) largement représentés, mais ne cherchant qu'une opportunité pour changer de camp. Les régiments d'infanterie diminués de moitié, essayant de reconstituer des groupes homogènes. Les cosaques russes omniprésents, surtout sur les arrières des français. Les mouvements de tous diminués (neige et fatigue).         J'aurais conservé les caractéristiques de la garde, mieux nourrie et plus préservée par l'Empereur. 

    J'aurais signifié aux rares cavaliers de rester soigneusement à l'écart de l'infanterie de ligne et des traînards qui auraient tués les chevaux pour s'en nourrir (ils découpaient même des steaks sur les chevaux marchants, mais anesthésiés par le froid qui ne sentaient même plus la douleur de la lame). 

    Là c'eût été épique et terriblement oppressant pour le français. Ce scénario mériterait d'être joué régulièrement et me semble beaucoup plus palpitant que Waterloo, l'Espagne ou Austerlitz. Question de goût peut-être.





3 commentaires:

Patrice a dit…

Merci pour ces photgos et ce récit (et on n'était pas du même côté). ;)

Pour ton commentaire du scénario (qui n'était pas de moi) je dirais que ce n'est pas une reconstit'. Je comprends bien ta demande d'impression générale de la retraite de Russie. Mais d'un autre côté, si on veut faire plusieurs parties dans ce même contexte (et ce serait dommage de ne pas le faire, c'est génial et il faut que ces figurines servent) il faut qu'il y ait des surprises, et que ça ne soit pas à chaque fois comme dans l'image d'Épinal de cette retraite. Les purs wargamers peuvent rejouer plusieurs fois un même scénario, pas les rôlistes comme nous.

Syl a dit…

Très réussi, bravo!

Eutha, l'archiviste. a dit…

Merci à tous