mardi 25 avril 2023

Un trois-ponts français au 1/56ème (Conversion de la maquette du "Superbe")

    Voilà bien longtemps que je n'avais pas transformé de maquette. Celle-ci a été trouvée puis achetée par moi pour 40 euros à quelques kilomètres de chez moi. Elle avait été commencée par un papy, décédé avant son achèvement et c'est sa fille qui vendait la maquette. Elle avai été abandonnée de longue date et 1 mm de poussière la recouvrait, les araignées s'était fait un empire du grément. Après un sévère nettoyage je découvrais, outre, une pièce de deux euros noyée dans la poussière, une base parfaitement honnête pour en faire un trois-ponts, adapté aux figurines. 

    Une recherche sur le forum de "La royale" m'apprit, par son nom, "le Superbe", que cette maquette était en fait un 74 canons, déjà librement modifiée par le monsieur en question. En effet, il n'offrait déjà plus que 52 emplacements de canons, amménagés. J'ignore ce que, feu, son constructeur, avait en tête, mais il est possible qu'il ait eu l'idée de l'adapter à une autre échelle, auquel cas, le travail que je m'apprétais à faire était déjà initié. Selon les spécialistes de ce forum, il s'agissait d'une maquelle du "Superbe" à l'échelle 1/75ème. La transformer pour en faire un vaisseau adapté à nos figurines 1/56è me semblait réalisable. Evidemment, ils ont poussé des cris d'horreur en voyant ce bateau ainsi dénaturé, criant à la démence du maquettiste irresponsable qui avait ainsi perverti leur loisir sacré. 

    Plusieurs fois reportée pour cause de Covid, la "Mégaventure" de Trelissac (24) devait être l'occasion de sortir ce vaisseau. Le contexte étant la guerre anglo-américaine de 1812, je choisissais le parti français, la plupart des gros vaisseaux des autres joueurs comptant s'aligner côté anglais, sans doute pour la facilité à trouver des figurines d'anglais, pour cette époque. Le principal problême allait être la rareté des figurines de Français pour faire un équipage e cette époque. Il n'existe par exemple, aucune figurine de "marins de haut bord français, de 1812" dans le commerce en 28 mm. Ce choix de nation, allait donc impliquer la réalisation et la modification d'un équipage complet de figurines. J'estimais à 80 figurines l'équipage nécessaire pour peupler harmonieusement ce vaisseau de 54 canons.

Six mois avant la date fatidique du salon, je me lançais ainsi dans le transformation simultanée de la maquette et des figurines composant son équipage, en partant sur la base de figurines de marins anglais, commandés en GB.

  Voici donc les premiers clichés de la bête, 80 cm à la flottaison.


"Le Superbe" à l'achat, après un début de dépoussièrage.


 Première épuration : élimination des bastingages existants, vraiment trop peu réalistes et encombrants.

 

La proue : les deux ridicules petites portes de hobbit nains ont été les premières à sauter (entre les escaliers). Détail de la poussière et des toiles d'araignées.

 

La poupe. Là aussi, le balcon existant ne permetait pas d'insérer des figurines dans la galerie arrière. les fenêtres, grossières, n'étaient pas non plus à mon goût.


Gros travail de dépoussièrage à venir, sans parler des chiures d'arraignées, omniprésentes. Le chateau arrière, avec ses deux rangs de ballustres, me semble passablement étrange.

Début des travaux :

La première étape a consisté à enlever toute la partie sous la flottaison. Mal équipé, ma scie sauteuse ç fait un carnage,la lame, trop courte, ne pouvant atteindre le milieu, il a fallu arracher, plus que découper. 

 

Evidemment, j'ai bousillé toute la partie arrière avec la quille et le gouvernail et il a fallu reconstruire et polystyrène et mastiquer. Beaucoup de temps et d'énergie perdus.


Reconstruction de la partie arrière en polystyrène et enduits.  

Ebauche du socle de mer, avec les vagues.

Enlèvement du deuxième pont, et des sabords.

Pour les sabors, j'ai entrepris de tous les retirer, certains saillaient, d'autres laissaient apparaître des jours autour. Il en manquait aussi. Heureusement mon copain Manu alias "Byblos" a pu m'en fournir 5 supplémentaires, du même modèle.

 

Vue de dessous, je recrée un entrepont le plus bas possible, c'est à dire, juste au dessus des sabords du pont inférieur.

Je bouche tous les sabords inaccessibles avec un carton peint en noir. Percé, chacun pourra accueillir un canon emmanché sur un clou.

Le nouvel entrepont est peint en rouge et mis en place. 

Démolition de la poupe qui ne me plaisait définitvement pas. Ca aurait pu être une erreur car le temps m'a manqué pour la reconstruire correctement.

Evidement de l'arrière pour pouvoir rabaisser le balcon et pouvoir en mettre un nouveau plus conforme aux illustrations d'époques. 

Dessin et peinture des drapeaux susceptibles d'être arborés lors de la prochaine partie située aux USA en 1812. Le drapeau rayé est le drapeau de la marine américaine de cette époque là. Sa devise est "Ne me marche pas dessus".

Découpe et couture des voiles. Elles seront teintées au thé. Pas d'ourlets, j'appliquerai de la colle PVA diluée sur les franges.

Réalisation de la boîte de transport, à l'aide d'un très grand carton fourni par Laurent. 

La boîte prend forme, en une suele pièce, avec une poignée de transport. Dimentions totales : 121 x 81 x 265 mm. Ca fait une putain de grosse valise ! Et elle est lourde avec le bateau dedans !

Pose des premières voiles. J'ai élagué le grément d'un certain nombre de filins qui nuiraient à la jouabilité ou dont j'ignorais la destination.

Déput des séances de maccramé pour faire les noeuds des enfléchures.

Je renforce les noeuds par de la colle à bois dilluée, avant de couper les fils qui dépassent.


Embase pour accueillir les canots. Ils ne seront pas à l'échelle (barques playmobil).

Travail sur les filets de stockage des hamacs. Ca m'a pris beaucoup de temps.

Détail des hamacs, pliés le long du bastingage.

         Je me suis régulièrement posé la question de svoir pourquoi je trouvais que n'avançais pas dans mes travaux sur cette maquette, comencée six mois avant l'échéance de Trelissac, malgré le temps consacré.En fait, plein de petites étapes, insignifiantes en terme de progression de l'ensemble, mais individuelles et répétitives en sont l'explication.  

    Je tenais beaucoup à certains détails qui m'ont bouffés pas mal de journées de travail. Par exemple: nouer toutes les enfléchures des trois étages de matures, et ce pour les trois mâts, de chaque côté. Je n'ai pas compté combien de noeuds cela représentait mais ça m'a pris plusieurs jours pour les faire. On s'améliore rapidement et on parvient à les faire tous dans le même sens, assez vite.

    Un autre détail que je voulais absolument faire apparaître sur mon vaisseau de ligne était les branles, c'est à dire les hamacs stpckés le long du bastingage. Ils contenaient les effets personnels non dangereux des marins et protégeaient de ma mitraille et de la mousquetterie en combat. L'ordre "Branle bas de combat" correspondait à l'ordre de décrocher son hamac, de le plier et de le ranger ainsi. Pour les hamacs, j'ai découpé de petits morceaux de tissus, tientés à plusieurs reprises au thé, pour en faire des plus ou moins vieillis. Le pliage et l'ajustement de chacun d'entre eux a aussi été très très long. Je ne parle pas de la réalisation des filets, collés (c'est à dire se décollant perpétuellement" sur des clous métalliques sur lesquels ils ne tenaient pas. Huit sections à réaliser, coler, peindre laisser sécher, reprendre, recoller... etc. Des heures de joies mais résultat correct. 

    La dépose, l'ajustage, la peinture et le repositionnement des 42 sabords est aussi une étape qui, si l'on considère 10 minutes consacrées à chaque sabords, prends finalement beaucoup de temps.

    Au niveau du grément, j'optais pour l'alléger d'un certain nombre de cordages pour facilite l'accès aux ponts. D'autre part, sans plan, je suis obligé de reconnaître que je ne savais pas où devait aller les uns et les autres, la maquette étant inachevée. L'ajout des enfléchures était indispensable pour moi. Une bobine de coton kaki, trouvée le matin même sur un vide-grenier, m'a permis d'économiser l'achat de nombreux paquets de cordages de modélisme forts coûteux. Son côté brillant a disparu lors de l'ajout de la colle. J'ai du retailler mes voiles, qui quand je les posais, n'allaient pas, du fait de la présence de certains cordages, non considérés à la prise des mesures.

 

Détail du pliage d'un hamac, dans la pince à linge.
Les filets du bastingage et les hamacs, rangés.
Fabrication et peinture des marches des deux échelles de coupée. Détail du grillage métallique des filets du bastingage, coupé dans le biais.

Application du PQ à la colle PVA. Facile à sculpter, il permet de faire de beaux effets de mer.
 

J'emballe la carène dans du film plastique pour ajuster les vagues à la coque, sans la tacher. On peut distinguer les sabords repeints et re-posés, l'échelle de coupée.

Empreinte de la partie immergée de la coque dans la mer.

Travail de peinture sur le socle, avec quelques déferlantes.

Bricolage d'un nouveau balcon pour la galerie de la poupe, fait à la vas-vite, la veille du départ. J'ai utilisé des cures-dents, vendus tels quels, avec leurs moulures.

L'équipage :

     Pour l'équipage, l'essentiel des conversions a consisté à transformer les sabres en cuillères à pots, ces fameux sabres d'abordage français entièrement coqués, au niveau de la garde, l'ajout de cocardes aux bonets et chapeaux, quelques ajouts de fourreaux de sabres, de baudriers, gilets, boutons de manchettes, écharpes à la taille, pistolets à la main ou à la ceinture, plumet. Si je n'ai pas réussi à sortir un seul fusilier d'infanterie de haut bord, au chapeau et à l'uniforme si spécifique, j'ai tout de même réussi à transformer et à peindre 62 marins, ce qui est énorme, pour moi. J'ai eu un vrai plaisir à les peindre, bien conscient de leur hyper spécificité et de leur côté uniques. Malgré le temps qui me manquait je décidait de peindre jusqu'à leurs yeux, ce que je ne fais plus toujours désormais. Je me suis aussi fendu de quelques pantalons ou tenues rayées, pour faire bonne mesure.

    Je les ai délibérément soclés sur de petits socles ronds (rondelle de métal) pour qu'ils puissent se glisser, nombreux, entre les canons, dans les nids-de-pie ou au balcon de la poupe. Tous ont un petit aimant intégré sous le socle, pour pouvoir être transportés sans risque de chute dans des boîtes métalliques. 

L'état-major et quelques hommes, autour du commandant.


L'équipage en tenue d'abordage. Il manque les fusiliers, à créer de toute pièce.

Les canoniers, et le cuistot, au milieu.

 

Bilan : 

     Avec toutes les manifestations des derniers mois, contre la contre-réforme des retraites, auxquelles j'ai consacré 11 demi-journées de temps-libre en manifestations, j'ai fini par prendre beaucoup de retard sur ce chantier. L'arrière du bateau, en particulier, a été fini, le matin même de la manifestation à Trelissac, dans la salle du salon, par la pose des quelques cache-misère que j'avais peints, en route, dans le camion, la veille de notre arrivée.

    Voici donc la grande aventure de la création de ce vaisseau français. Les puristes jureront qu'il ne ressemble à rien, je le sais, mais il fera tout de même bonne figure sur nos tables de jeu, où les rôlistes sont moins regardants. Je n'ai pas eu le temps de le gréer complètement, de disposer les canons et l'équipage "pour voir". Tout cela sera fait et partagé dans un prochain article, racontant les péripéties du vaissau lors de la "Mégaventure de Trelissac".

    C'est la première fois que je n'arrive pas à finir un projet dans les temps (chateau arrière et fusiliers). La faute à Macron et sa réforme scélérate des retraites. Je pense qu'il ne réalise pas qu'il a fait avorter un beau projet de maquettisme, cet irresponsable ! J'ai aussi fait pas mal de conneries pendant la construction bousillant l'arrière sans savoir pleinement comment j'allais reconstruire, une boîte de transport qui ne permettait pas d'accueillir son hôte dans prévoir de démonter ses vergues, le sciage d'une pièce de la mature à la micro-scie à disque, qui a happé quelques filins, arrachent tout, vergues, cordages... etc, un beau massacre.

    Je poursuivrai la réalisation des pièces inachevées de ce projet dans les mois à venir, sans précipitation. C'est la première fois que je sculptais des tenues pour mes figurines, j'apprends encore et j'espère que je pourrais un jour, vous présenter une "infanterie de haut bord 1812", digne de ce nom.

Mon vaisseau de 54 canons au combat. Bricolage arrière pour remettre des fenêtres et un balcon.

 











 



3 commentaires:

French Follower a dit…

Magnifique réalisation tant il est difficile de trouver des vaisseaux de haut bord au 1/56°.

A ma connaissance il existe au moins deux fabricants de figurines de marins français pour la période Empire : Brigade games et Steve Barber

Afin de donner à votre équipage un cadre officier français je vous propose les références suivantes.

https://www.brigadegames.com/BG-NFR150-French-Naval-Officers-All-2-poses_p_3353.html

https://www.stevebarbermodels.com/store/28mm-French-Navy-Command-p147745127

N'ayant encore jamais commandé chez l'un ou l'autre de ces fabricants, je ne puis vous garantir la qualité de leurs figurines.

L'un et l'autre proposent aussi des hommes d'équipage qui pourront bien endosser la nationalité souhaitée. En revanche j'ai un gros doute concernant les figurines d'infanterie de marine français proposées par Steve Barber qui sont à mon sens de l'infanterie tout court.

Le cuistot est vraiment réaliste, mais dans la Royale il est, je crois, appelé « bosco ».

N'oubliez pas que les voiles les plus basses étaient repliées pour éviter qu'elles ne prennent feu. Cela facilitera aussi la manipulation de vos figurines lors des abordages.

Eutha, l'archiviste. a dit…

Merci pour tous ces liens et commentaires. Je ne parvenais plus à me souvenir du terme "bosco" aussi, merci de me l'avoir retrouvé. Je vais modifier l'article.
J'avais bien vu ces références de Français mais je n'arrive pas à voir le lien avec les illustrations de l'époque. Je vais fouiller davantage l'iconographie.

French Follower a dit…

Patrice Courcelle a commis trois planches magnifiques sur les uniformes de la marine impériale que reprennent les figurines de Steve Barber et de Brigade Games.

pinterest.fr/frederickserge/la-marine-française-1789-1815/

Peut-être souhaiterez-vous limer les larges boutonnières des officiers pour leur donner une tenue plus en rapport avec la tenue ordinaire. Ce serait dommage, les officiers de marine ayant pour tradition de combattre en grande tenue. D'ailleurs Jérôme Bonaparte qui commanda à la mer, une frégate je crois, s'est fait portraiturer dans cette tenue.

https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/tableaux/43524/