mercredi 13 octobre 2010
Week-end "Pirates des Caraïbes". Floirac, 9 et 10 Ocobre 2010
Organisé par les associations "STRATEJEUX" et "LES LANCIERS DE LA GARONNE", se produisait un grand rassemblement de joueurs à Floirac, banlieue de Bordeaux (33), le week-end dernier, sur le thèmes des pirates des Caraïbes.
La démesure ! Quelques chiffres:
Une quarantaine de joueurs et joueuses sur 2 jours ! Incarnant des Espagnols, des pirates, des corsaires, des boucaniers, des Français, des Anglais ou des indigènes (indiens caraïbes, cannibales, bêtes fauves...) dans une grande salle polyvalente, toute neuve et très confortable. Quand je dis "incarner", c'est bien "incarner", car la plupart des joueurs étaient en tenue (reconstitutions de costumes ou déguisements soignés !)
128 m2 de tables ! Oui, je dis bien 128 m2, couvertes de décors, de mer, d'îles, de rochers, de plages, de villes et de forts (Bon ok, c'est vrai qu'il y a surtout de la mer, mais qui peut se targuer ici, d'avoir joué sur une telle surface? (à part au foot? )).
26 vaisseaux et d'innombrables chaloupes, Fabriqués, armés et équipés par chacun des joueurs.
Des forteresses bastionnées, des villes, des centaines de figurines ! peints avec amour (et un pinceau) par les protagonistes.
Des participants venus des 4 coins de l'hexagone ! (sic) : Outre le pool de bretons (9 joueurs venus dans 3 véhicules, avec décors, figurines, armes et bagages) , il y avait des ch'tis, venus en avion, des périgourdins et beaucoup d'indigènes (cannibales ben sûr!)
3 règles sur une même table! Pour le naval, une règle locale "De la tortue à Trafalgar" dont je reparlerai plus loin et pour le terrestre "Argad" d'un côté, (la célèbre règle franco-bretonne, très bien connue de très peu de gens) et de l'autre, la non-moins célèbre " LOTHS" que je ne présenterai pas.
Un accueil extraordinaire ! 120 000 L de pinard, consommés !
Ça,... c'est pas vrai du tout, mais c'est pour achever ceux qui bavaient déjà de pas avoir été là. Ceci dit, nous avons été généreusement abreuvés d'un sirop inconnu qu'ils appellent localement "Bordeaux" (super original comme dénomination, quand on est à Bordeaux ! ). Ca a une jolie couleur qu'ils appellent "bordeaux" (Quand je vous dit que ce sont des originaux !!! )
Des femmes à gogo ! Ça, c'est pas vrai non plus... Faut reconnaître que c'était essentiellement masculin comme ambiance, à part quelques jeunes-apprenties-navigatrices-redoutables.
Voilà pour placer le décors, maintenant, passons aux choses sérieuses.
La carte:
Elle avait été inspirée pas des cartes d'époques de la mer des Caraïbes. Certains joueurs disposaient de plus d'informations que d'autres et d'indices concernant la recherche du trésor.
La partie !
Elle s'est déroulée sur les deux jours, rythmée par les sons de cornes qui scandaient les changements de tour naval.
Je serai bien en peine de décrire ce qui s'est passé à tout moment aux différents endroits de la table mais je vais tenter de vous en relater quelques moments épiques ou savoureux (avec tous les défauts qui se rapportent à ce qu'on a pas vu soi-même et les interprétations et omissions qui vont avec).
Pour une description plus précise de ce que j'ai vécu personnellement, voyez le compte rendu de mon capitaine dans l'autre message, plus loin dans le blog.
Les plans des uns et des autres (ou du moins, ce que j'en ai vu ^^):
Pour les français, la tactique définie était assez simple: Affronter les Anglais, préserver les pirates et les Espagnols.
Les Anglais avaient manifestement prévus de rallier les pirates et de se ravitailler dans leur repère avant de revenir, fort de cet appui, vers le centre de la carte.
J'ignore quelle était la tactique prévue par l'Espagnol. Il a semblé très passif au départ (attentiste?) et avait surtout à cœur d'évacuer sereinement le "convoi de l'or" vers l'Espagne.
La première action fût française, avec quelques débarquements sur les îles les plus proches de sa colonie. Toutes étaient hostiles et, si certaines furent aisément conquises, d'autres nécessitèrent des renforts. De son côté, l'Espagnol négociait tranquillement et annexait pacifiquement le camp des boucaniers qui lui était limitrophe tandis que l'Anglais fouillait, avec leur accord le camp des pirates à la recherche des indices (course au trésor).
A l'opposé de la carte, la coalition anglo-pirate, faisait long feu: A peine regroupés la redoutable flotte coalisée a implosé. En effet, un élément dissident des pirates, a subitement tourné sa veste et a ouvert le feu sur l'anglais le plus proche , mettant le feu aux poudres (au propre et au figuré! Le vaisseau anglais a explosé et la vengeance des Brittons ne s'est pas faite attendre ! ). Les soldats anglais qui inspectaient le camp des pirates mirent immédiatement le feu au village, le détruisant intégralement.
Si la première figurine abattue a été celle d'un indigène, tué par un français, la bataille qui a opposé pirates et Anglais dans cette première phase de jeu a été la plus sanglante. De mon côté (français) on ne pouvait espérer plus beau démarrage. Non seulement, les anglais avaient perdus un de leur vaisseau mais en plus ils se battaient maintenant contre leurs anciens alliés ! En outre, ils avaient abandonnés leur colonie, étaient retenus par la lutte contre les pirates et souffraient de vents contraires. pour revenir la défendre.
Les Français ne se firent pas prier et tentèrent d'exploiter la faille en se ruant sur la colonie britannique. Malheureusement pour nous, un pirate, "le Skeletor", que l'on pourrait plutôt appeler la "Girouette" car il changeait de camp aussi souvent que le vent tournait (soit tous les 3 tours de jeu) a fait échouer le débarquement. La ville anglaise a, d'ailleurs, été soumise à la guerre et au pillage durant les deux jours de jeu, sans qu'a aucun moment, la flotte anglaise ne fasse quoi que ce soit pour la préserver ou la défendre.
Malgré sa prudence, le gouverneur espagnol sera victime d'un bluff monumental, tenté par l'un des joueur pirate.
Je résume. Le gouverneur espagnol attendait trois galions pour rapatrier son or. Se présentent successivement trois vaisseaux arborant le pavillon espagnol, dans son port. Le premier propose de remporter l'or et la fille du gouverneur en Espagne ce que le gouverneur accepte avec reconnaissance. Ce n'est qu'une fois parti, que l'un des capitaines espagnols s'est posé la question de savoir qui était cet intrus qui était parti avec l'or et la fille.
Comprenant sa monumentale erreur, le gouverneur dépêcha son plus rapide messager à travers la jungle pour tenter de prévenir son homologue français afin qu'il rattrape la flotte espagnole et récupère son enfant.
Le destin de la malheureuse était pourtant scellé. le messager, chevauchant à toute allure vers le camp français fût victime d'un guépard et mourut en route. La fille du gouverneur, quant à elle, fût outragée et égorgée (mais je ne suis pas formel sur l'ordre des deux faits) avant le naufrage du galion pirate, coulé par la flottille anglo-espagnole.
A ce moment du jeu, tous les joueurs semblaient ligués contre le Français. L'Espagne avait acheté les Anglais pour qu'ils escortent le convoi de l'or et tout ce beau monde allait passer devant la colonie française.
Il y eu un dernier acte tragique pour le gouverneur espagnol. Parti à la poursuite des scélérats qui avaient enlevé sa fille, il s'embarqua à bord d'une petite caravelle non armée. Malheureusement, il tomba sur le "Skeletor" qui, non content de le couler bas, s'acharna à couler les naufragés dans leur chaloupe de sauvetage, se jetant lui même sur les récifs pour mener à bien cette dernière infamie. Il savait pourtant qu'il avait un otage de marque à sa portée.
Les règles:
"De l'île de la tortue à Trafalgar" est une règle navale de leur cru (et Dieu sait que Bordeaux fait de bons crus). La règle est très simple à maîtriser. Chaque navire a sa petit fiche qui lui donne sa distance de mouvement maximale en fonction son allure au vent.
On ne tient aucun compte du calibre des canons, simplement de leur nombre et on mesure les distances de tir (un canon porte jusqu'à 2m) .
Selon les circonstances, on peut viser la coque ou la mature et on applique le résultat d'un tableau prenant en compte: le type de projectile (boulet, mitraille, boulet double, et même boulet rouge, (très dangereux pour son utilisateur aussi )), la portée, la qualité de l'équipage (les anglais sont élite, les français vétérans...) , les positions respectives des navires (le tir en enfilade est plus dévastateur).
La première bordée, chargée en dehors l'agitation de la bataille, est plus efficace que les suivantes.
Bref, rien de très novateur de ce côté là, l'originalité est plutôt dans les règles de mouvement. Très simples, elles permettent de programmer les différentes actions du tour à venir par quelques cartes judicieusement choisies (virages, mouvement en ligne droite, mais aussi, mouiller l'ancre, tirer,aborder, et même des cartes bluff, destinées à induire l'ennemi en erreur sur ses intentions). Ainsi, les adversaires ne peuvent pas ajuster leurs actions en fonctions de ce que vous faites et doivent se cantonner à appliquer ce qu'ils ont programmé. Le déplacement se fait pas à pas, carte après carte, et le tir est résolu au moment le plus opportun s'il a été dûment programmé.
Le système est tellement simple que j'ai pu l'expliquer à un nouveau venu, le dimanche, et qui a réussi à faire un beau parcours avec les rudiments de règles que je lui avait transmis.
Les abordages se font en plusieurs temps: lancé des grappins, tentative de repousser ceux-ci puis investissement de la cible, et combat. Les troupes d'élite sont redoutables lors de ces batailles.
Des évènements aléatoires peuvent influer sur les résultats des combats (incendie, gouvernail arraché, capitaine blessé...) et ajoutent du piment au jeu.
Les combats terrestres ont été joués avec deux règles différentes: "Argad" d'un côté, fluide, rapide, expéditif et intuitif et "LOTHS" de l'autre, plus long et plus statique.
Les tours terrestres et maritimes n'étaient pas corrélés et il pouvait se dérouler plusieurs tours terrestres pour un sur mer.
Les plus de ce week-end de folie !
Tout d'abord un accueil irréprochable, une intendance à la hauteur, la possibilité de dormir sur place (et même à l'hôtel pour ceux qui sont arrivés dans la nuit). un travail colossal effectué par Philippe Pauzat, pour transmettre et faire circuler l'information, durant des semaines, avant la manifestation. Sur le week-end, il s'est montré omniprésent pour renseigner et régler les inévitables litiges sur les règles.
Tout le monde s'est bien amusé, les décors étaient extraordinaires, l'ambiance, bon enfant. Les vaisseaux coulés revenaient plus tard dans un autre coin ce qui fait que les joueurs éliminés, ne le restaient pas longtemps.
Je suis parti avec des images plein la tête et notre groupe de bretons à d'ors et déjà l'envie de reproduire un tel évènement.
Maintenant, les moins... Quelques critiques, que j'espère constructives:
Comme vous l'imaginez, un tel plateau et autant de joueurs engendre des délais pour certains, quand il se passe quelque chose de l'autre côté et que l'on n'est pas concerné. Pour cela, je ne vois pas de solution. Peut-être plus d'arbitres ou de vieux utilisateurs de la règle auraient pu faire gagner un peu de temps mais je n'en suis pas sûr.
Une autre difficulté venait des tables séparées. Il était parfois difficile de passer d'une table à l'autre et plus encore de calculer les distances de tir. Difficile de remédier à cela, hormis en jouant par terre... mais c'est dorénavant exclu, à nos âge avancés (particulièrement concernant les manœuvres terrestres beaucoup plus longues et minutieuses).
Le principal soucis auquel nous avons été confrontés (je parle pour les 9 bretons) c'est la "volatilité" des joueurs !
Nous avons tous été désemparés par les revirements de camp permanents de certains sans que l'on puisse distinguer une quelconque logique derrière et un "jusqu'au boutisme" assez généralisé.
Nous avons parfois eu l'impression que la règle officielle concernant la nationalité était:
"Je suis d'une nationalité différente de celle du bateau qui se trouve dans mon angle de tir et à ma portée et donc, je tire dessus".
C'est à dire, que je tire sur celui qui est à côté de moi, peut importe ce qui a été convenu le tour précédent. Mais cette inconstance a aussi montré ses limites personne n'osant plus faire confiance aux autres, hormis entre joueurs se connaissant bien et de la même nation (cela a été une grande force du côté français, où il n' y a eu qu'une trahison, préméditée. Elle avait été suspectée par nous, mais nous n'aurions pas tiré les premiers.
Je vous cite quelques exemples personnels ou observés ici et là qui nous ont beaucoup posé question.
Pourquoi le "Black Pearl" a t-il tiré sur l'anglais avec qui il collaborait, alors que son fort et son village était aux mains de ces mêmes anglais?
Et pourquoi ces mêmes ennemis redevenaient amis 2 tours plus tard après avoir lutté les uns contres les autres?
Pourquoi le "Skeletor " (encore lui? ^^) a coulé les naufragés espagnols, dont le gouverneur lui même plutôt que de le recueillir et d'éventuellement
le rançonner?
De toutes ces situations, s'ensuit un manque de cohérence global ou chacun fait ce qu'il veut, sans tenir compte des intérêts de son camp. C'est sans doute un choix et la sur-représentation affichée en pirates, est sans doute le reflet de ce besoin de liberté.
Pour le "jusqu'au boutisme", je me suis demandé si c'était une espèce de course au tonnage coulé (points de victoire recensés à la fin?) ou si le plaisir de certains se résumait à: "Faire le plus de dégâts possible, peu importe sur qui et comment. ". Sans doute cela est-il lié à notre habitude de la reconstitution historique, où nous essayons de coller le plus possible à la réalité des comportements humains que nous essayons d'imaginer, puis de simuler au mieux.
Quelques exemples, là encore :
Lors du débarquement français chez les anglais, les villageoises se sont attaqué aux soldats fraîchement débarqués, pour tenter de leur faire des pertes et ralentir leur progression.
(Pour info, la même situation, chez le Français, a eu l'effet suivant: Les civils ont fuit vers le fort pour s'y réfugier alors que la milice se rassemblait lentement et péniblement).
Étonnant aussi, de voir la colonie anglaise aux prise avec ses ennemis pendant les 2 jours de la partie sans qu'aucun vaisseau anglais de s'en soucie.
On a vu même des navires se sacrifier pour nuire aux autres !
Un vaisseau de 1er rang anglais, abordé et en flammes, a délibérément ignoré l'incendie pour essayer d'entraîner un bateau de rang 3 français, dans le naufrage ! Heureusement que les règles prévoyaient une reddition des survivants, passé un rapport de 3 contre 1, sans quoi, ces anglais auraient combattu jusqu'au dernier.
Un vaisseau Espagnol en difficulté s'est sabordé avec tout son équipage plutôt que de tomber aux mains des ennemis qui l'avaient malmené. Ça aurait été des pirates risquant la corde, je dis pas... mais des prisonniers de guerre?
Il est vraisemblable que c'est la réapparition gratuite et immédiate de son vaisseau à un autre endroit de la table en cas de destruction, qui engendre de tels comportements. Pourquoi continuer à lutter avec un bateau endommagé alors qu'en se faisant couler, on en aura un neuf, avec un équipage complet, dans une meilleure situation?
Je suis personnellement très fier d'avoir ramené mon épave au port le premier soir, (même si j'ai passé 3 tours en réparation derrière) et tout aussi fier d'avoir rallié le port pour le défendre le deuxième jour, avec mes quelques rescapés.
La quête du trésor:
J'espérais bien avoir à résoudre des énigmes tordues, ce qui m'aurait contraint à essayer de faire fonctionner mon intelligence, mais malheureusement, je n'en ai croisé aucune ni ne m'en suis vu communiquer aucune. J'ai été assez déçu de cela, je ne sais même pas si c'était difficile à résoudre, si cela a été résolu par quelqu'un et si le trésor a été trouvé et mangé (des pièces en chocolat! )
Voilà, au total, malgré ces "incohérences" collectives ou individuelles, j'ai passé un excellent moment et j'ai vraiment hâte de rejouer. Je suis reparti avec des images plein la tête et je continue à planer, à J +3 ! ^^
Ah oui, aussi ! Un dernier reproche ! Est-ce que vous pourriez rapprocher Bordeaux de la Bretagne la prochaine fois? C'est vraiment trop loin. ^^
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